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L'’industrie automobile dans la Grande Région 2011 -– évolutions actuelles, défis et solutions possibles

Christoph K. Hahn

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Évolution historique de l’industrie automobile dans la Grande Région
Sans l’énorme perte d’importance de l’industrie du charbon et de l’acier depuis les années 1960, de grandes zones de la Grande Région ne seraient probablement pas considérées aujourd’hui comme des régions automobiles.

Après tout, le secteur automobile doit sa croissance rapide dans la Grande Région en grande partie au fait que les politiques et la main-d’œuvre se sont tournés vers des emplois alternatifs pendant le déclin de l'exploitation minière ainsi que de l'industrie sidérurgique pendant les années 1960 et 1970. Ainsi, au début des années 1950, en Wallonie, on comptait plus de 130 000 mineurs, en 1961, ils n’étaient que 55 000 avant que l’activité minière ne cesse définitivement en 1984.

L’évolution en Lorraine était similaire : l’activité de l’exploitation du minerai et de la houille, qui occupait encore quelque 64 000 personnes en 1960, cessa définitivement en 2004. En Sarre, l’exploitation de la houille prend fin au milieu de 2012. En décembre 2010, le nombre des personnes travaillant dans l’industrie de l’acier et du charbon de la Sarre régressa de près de 98 000 (début des années 1960) à moins de 15 000.

Carte : Industrie automobile (2011)

 

Industrie automobile (2011)

Christoph K. Hahn, Universität des Saarlandes

Parallèlement au déclin de l’industrie de l’acier et du charbon, dans les années 1960 et 1970, l’industrie automobile s’apprêta à délocaliser une partie de sa production des régions principales en raison d’une pénurie de main-d’œuvre existante vers de nouvelles régions, non encore viabilisées.

Des sites disposant d’une grande réserve de main-d’œuvre qualifiée étaient particulièrement intéressants pour la branche. Ainsi, fin des années 1960, au sein de la Grande Région, la concordance des intérêts des politiques et de la main-d’œuvre dans la région ainsi que des constructeurs automobiles en dehors de la région a fait que l’industrie automobile soit devenue l’un des piliers les plus importants du changement structurel.

Signification de l’industrie automobile dans la Grande Région
Base de données : EUROSTAT, INSEE, Statec, Statistisches Amt des Saarlandes, Statistisches Landesamt Rheinland-Pfalz

Signification de l’industrie automobile pour la Grande Région
Grâce aux faits décrits ci-avant, l’industrie automobile compte parmi les secteurs industriels les plus importants de la Grande Région depuis quelques décennies. Selon les publications les plus récentes des statistiques officielles, quelque 62 000 personnes travaillent dans des sociétés du secteur « Construction de véhicules automobiles ».

Par rapport à l’ensemble de la Grande Région, ce chiffre correspond à 12 % de tous les emplois de l’industrie manufacturière. Il existe toutefois de grandes différences régionales : alors que la proportion des salariés dans l’industrie automobile est de plus de 21 % de l’effectif total de l’industrie manufacturière en Sarre, la même proportion est de moins de 2 % au Luxembourg (voir tableau).

Aujourd’hui dans la Grande Région, environ 300 sociétés sont directement liées à l’industrie automobile. Outre les constructeurs automobiles Daimler external link (Wörth am Rhein, Rhén.-Palatinat), Ford external link (Saarlouis, Sarre), Smart external link (Hambach, Lorraine) et SOVAB/Renault external link (Batilly, Lorraine), on considère également les équipementiers de rang 1.

Aujourd’hui, en général, ces équipementiers fournissent des modules complets (p.ex. sièges, ciels de toit ou moteurs) aux constructeurs, qui – exprimé de manière simplifiée – n’ont qu’à assembler la voiture à l’aide des différents modules. Les équipementiers de rang 1 reçoivent leurs composants, qui leur permettent de fabriquer les modules (p.ex. vitres latérales ou tissu pour sièges), des équipementiers de rang 2.

Selon les statistiques officielles, ces entreprises ne font souvent plus partie de l’industrie automobile. Même si le cœur de métier d’une entreprise est la production de tissu pour sièges auto, selon les statistiques, elle ne fait pas partie de la branche économique « Construction de véhicules automobiles » mais du secteur « Industrie textile ».

Les entreprises situées au début de la chaîne de production automobile, à savoir les équipementiers de rang 3, sont elles aussi que très rarement considérées comme des entreprises automobiles par les statistiques officielles. Elles fournissent différents éléments, tels que vis, éléments synthétiques ou électroniques aux équipementiers de rang 1 et de rang 2 ainsi qu’aux constructeurs.

Ensemble, les constructeurs et les différents équipementiers forment ce que l’on appelle la pyramide des fournisseurs automobiles (voir image 1).

Si l’on retient également les autres fournisseurs et sous-traitants (p.ex. constructeurs de machines, entreprises de logistique spécialisées ou fournisseur de logiciels), la signification de l’industrie automobile pour la Grande Région prend encore plus d’ampleur.

Rien que les cinq clusters automobiles de la Grande Région comptent plus de 600 entreprises qui contribuent toutes, à différents niveaux, à la production automobile.

Pyramide des fournisseurs automobiles
Source : propre ébauche

Si l’on examine la répartition territoriale de ces entreprises, on constate que le cœur de l’industrie automobile dans la Grande Région est notamment l’agglomération de Liège, le département des Vosges ainsi que le triangle avec les axes Kaiserslautern-Luxembourg-Nancy (voir image).

Cependant, dans de grandes parties de la Rhénanie-Palatinat, de la Lorraine et de la Wallonie (notamment à proximité des frontières vers les autres pays de la Grande Région), il n’existe que très peu d’entreprises automobiles.
Selon les cinq clusters, environ 150 000 personnes travaillent dans l’industrie automobile dans la Grande Région, dont la majeure partie dans les petites et moyennes entreprises de moins de 250 salariés (voir image 3).

Entreprises membres des réseaux automobiles régionaux par commune/canton
Base de données : autoessor, Automobil-Zulieferinitiative, Rheinland-Pfalz, automotive.saarland, Cluster Auto-Mobilité de Wallonie, ILEA

Défis actuels 1 – La crise économique et financière mondiale
L’industrie automobile dans la Grande Région a notamment été frappée par les conséquences de la crise économique et financière mondiale au deuxième semestre 2008 et courant 2009. Au travers de l’exemple de la Rhénanie-Palatinat, l’image 4 illustre la chute du volume de commandes pendant la période de la crise :

Les chiffres à la baisse (-40 %) en septembre 2008, lorsque la banque américaine Lehman Brothers a dû déposer le bilan en déclenchant ainsi la crise – bien que sous forme atténuée – se sont poursuivis l’année suivante. Ce n’est que la progression en septembre 2010 qui a mis fin à la crise.

Un autre indicateur montrant que la crise a affecté l’industrie automobile est une baisse importante des volumes exportés. Au quatrième trimestre 2008, immédiatement après le dépôt de bilan de Lehman, les exportations en Lorraine ont p.ex. baissé d’environ 29 % par rapport au quatrième trimestre 2007. Ce n’est qu’un an plus tard, fin 2009, qu’une légère hausse de 2,6 % a été enregistrée (voir image 4).

En réaction aux chiffres de commandes et aux taux d’exportations en baisse, de nombreux constructeurs automobiles de la Grande Région ont d’abord recours au modèle du chômage partiel. En outre, les salariés ont été invités à prendre des RTT et des jours de congé.

Dans un deuxième temps, les entreprises affectées par la crise décident de ne plus renouveler les contrats à durée déterminée arrivés à échéance. Malgré ces mesures, les entreprises ont dû tout de même licencier des salariés. L’influence de la crise économique et financière mondiale sur l’évolution des effectifs salariés peut être illustrée à l’aide de deux exemples :

Les statistiques officielles de la Lorraine, de la Rhénanie-Palatinat et de la Sarre fournissent la preuve des conséquences de la crise sur la Grande Région.

En décembre 2009, la branche économique « Construction de véhicules automobiles » comptait 63 000 salariés, une baisse de plus de 9 000 personnes par rapport à 2007.

Comparée aux baisses importantes des chiffres de commandes et des exportations mentionnées ci-avant, ce recul de 13 % reste néanmoins relativement faible.

Le tableau avec les plus grandes entreprises automobiles de la Grande Région montre également que les effectifs salariés de ces entreprises a baissé de manière générale entre 2007 et 2011.

Par rapport aux entreprises, pour lesquelles nous disposons des effectifs salariés pour ces deux périodes, une baisse de près de 93 500 à 79 500 salariés est à observer, ce qui correspond à un recul d’environ 15 %.

Taille des entreprises membres des réseaux d’entreprises
Note : aucune donnée appropriée sur la Rhénanie-Palatinat.
Datengrundlage: autoessor, automotive.saarland, Cluster Auto-Mobilité de Wallonie, ILEA

Malgré la concordance temporelle de la baisse des effectifs salariés et de l’apparition de la crise économique et financière mondiale, cette situation ne signifie pas nécessairement que chaque licenciement ou chaque fin de contrat soit une conséquence de la crise.

La baisse des effectifs salariés liée à la crise est plutôt recoupée par des processus qui durent plus longtemps. Dans ce contexte p.ex., on pourrait citer les délocalisations de site et les licenciements liés aux entreprises, se basant sur des plans dont la plupart ont été établis bien avant la crise. Il faut donc considérer ces phénomènes plutôt comme une réaction à la mondialisation qu’à la crise.

Évolution de l’enregistrement des commandes de l’industrie automobile de la Rhénanie-Palatinat en septembre par rapport au même mois de l’année précédente
Base de données : Statistisches Landesamt Rheinland-Pfalz

Défis actuels 2 – La mondialisation de l’industrie automobile
L’industrie automobile compte parmi les branches les plus touchées par les conséquences de la mondialisation, une mondialisation qui apporte son lot d’avantages et d’inconvénients pour les entreprises.

L’un des avantages est notamment de pouvoir gagner de nouveaux clients dans les régions les plus diverses du monde. Car, grâce aux réseaux de transport mondiaux, certains produits peuvent être transportés sans problème vers les sites les plus lointains. Ce sont surtout les grandes entreprises, disposant des ressources (salariés, savoir-faire, finances) nécessaires pour construire et entretenir un tel réseau, qui profitent de cet avantage.

Un autre avantage des réseaux de transport mondiaux est le fait que la production de biens puisse être délocalisée vers des pays à plus faibles coûts salariaux. Ainsi, en 2009, environ une voiture sur deux d’un constructeur allemand a été fabriquée sur des sites à l’étranger, notamment en Chine et au Brésil.

 

Ainsi s’esquissent également les inconvénients de la mondialisation qui se ressentent notamment dans les régions automobiles traditionnelles des pays industriels, et donc aussi dans la Grande Région.

Au vu des évolutions mentionnées ci-avant, il existe le risque que la production soit délocalisée vers des pays à bas coûts et/ou que les demi-produits soient achetés dans ces pays. Plus l’on descend la pyramide des fournisseurs, plus cela est avéré. Depuis peu, on observe également une délocalisation de la recherche et du développement.

L’industrie des équipementiers, fortement représentée dans la Grande Région, et les fournisseurs et les sous-traitants sont donc de plus en plus exposés à la concurrence des pays à bas coûts, souvent sans même pouvoir s’imposer dans la guerre des prix. Le fait que les équipementiers et les fournisseurs de la région continuent à enregistrer des commandes est dû au fait que la plupart d’entre eux proposent une meilleure qualité et plus de fiabilité que leurs concurrents étrangers.

 

Défis actuels 3 – Innovations technologiques
Le flux de marchandises, décrit ci-avant, au sein de la pyramide des fournisseurs automobiles, des équipementiers de rang subordonné aux équipementiers de rang 1 et aux constructeurs, montre clairement que non seulement le travail des constructeurs change sous l’influence des innovations technologiques des voitures, mais qu’un bon nombre d’entreprises de tous les niveaux de la pyramide sont contraintes de réagir aux innovations.

Si, à l’avenir, Smart mise davantage sur la Smart électrique, cette décision concernera également l’actuel producteur de pistons (équipementier de rang 2), car un moteur électrique est dépourvu de piston. Il est de même pour le principe pour l’utilisation de matériaux légers (plastique, aluminium) au lieu de l’acier ou l’utilisation d’applications électriques au lieu d’applications mécaniques.

Un grand nombre d’équipementiers sont donc contraints d’investir davantage dans la recherche et le développement de nouveaux produits. Plus l’entreprise est petite, plus cette mesure est difficile à réaliser. Car la plupart des petites entreprises ne disposent pas des moyens financiers suffisants pour investir davantage dans le développement de nouveaux produits, parallèlement à la production en cours.

 
Évolution des exportations dans la construction automobile de la Lorraine par trimestre par rapport au même trimestre de l’année précédente
Base de données : INSEE Lorraine

En outre, les départements de recherche et de développement des petites entreprises sont généralement moins bien équipés que ceux des grands groupes. Cette réalité nuit souvent aussi à la capacité d’anticiper de nouvelles tendances et de réagir à temps.

Solutions possibles
Face à ces défis, les entreprises, les associations économiques et les politiques de la Grande Région ont entre autres créé des réseaux d’entreprises ou initiatives de cluster dans chacune des régions membres. L’objectif de ces réseaux est d’améliorer la prise de contact entre les équipementiers eux-mêmes et les constructeurs.

Si le travail des initiatives de cluster permet de convaincre les équipementiers de rang 1 d’acheter leurs produits aux équipementiers de rang subordonné de la région, les conséquences négatives de la mondialisation peuvent être réduites. D’autre part, grâce aux réseaux, les entreprises peuvent profiter des avantages de la mondialisation, à savoir lorsque ceux-ci organisent p.ex. des voyages d’affaires vers les pays est-européens ou asiatiques en plein développement économique afin d’y gagner de nouveaux clients.

Sites de production et sièges principaux des dix plus grandes entreprises automobiles de la Grande Région
Source : propre ébauche

Dans ces cas, la plus-value de l’approche du réseau consiste dans le fait qu’un grand groupe d’entreprises soit mieux valorisé qu’une entreprise seule. Cela augmente les chances que dans les pays visités, les grandes entreprises accueillent elles aussi les invités qui deviennent ainsi des clients potentiels.

Comme les réseaux automobiles regroupent non seulement des entreprises de production, mais aussi des instituts de recherche, l’idée des réseaux permet aussi de réagir aux défis technologiques. Grâce aux réseaux, les petites et moyennes entreprises peuvent contacter plus facilement les instituts de recherche et les convaincre de coopérer avec elles dans le développement de nouveaux produits.

Tandis que les cinq initiatives de cluster ont pu s’établir dans les différentes régions au cours de ces dernières années, les défis ont pris de l’ampleur en raison de la mondialisation et du changement technologique. C’est pourquoi il paraît important d’interconnecter encore mieux à l’avenir les cinq réseaux. L’objectif est d’installer impérativement, au niveau de la Grande Région, un réseau qui essaie de valoriser les avantages et les compétences des clusters au-delà des frontières :

S’il n’existe aucun partenaire de recherche potentiel au sein de son propre cluster (régional), il existe peut-être au sein d’un cluster commun, transfrontalier. Il est de même pour les équipementiers et/ou clients potentiels. Un réseau qui représente plus de 600 entreprises a une image plus forte dans les autres régions qu’un réseau qui ne compte que 150 membres.

Cependant, il est à noter qu’une approche de réseau ne peut être considérée comme un remède universel, ni au niveau d’un Land ou d’une région, ni au niveau de la Grande Région. Bien souvent le travail des réseaux échoue en raison du fait que les sites des entreprises de la Grande Région ne sont pas intéressés aux coopérations régionales ou qu’ils ne disposent pas du pouvoir de décision quant à la réalisation de telles coopérations.

Dans la Grande Région, ce sont surtout les équipementiers de rang 1 qui exploitent uniquement de pures usines de production, tandis que le siège des sociétés, les départements achat et les centres de recherche sont souvent installés très loin de la Grande Région (voir image 6).

 

Sources


Depner, H. (2008): Transformation der chinesischen Automobilindustrie.- In: Geographische Rundschau, 60 (5): 28-35.

Jürgens, U. & Meißner, H.-R. (2005): Arbeiten am Auto der Zukunft. Produktinnovationen und Perspektiven der Beschäftigten.- Berlin.

Kesteloot, C. (2004): La Wallonie de la « question royale » à nos jours (1950-2004).- In: Demoulin, B. & Kupper, J.-L. (Hrsg.): Histoire de la Wallonie – De la préhistoire au XXIe siècle. Toulouse: 311-343.

Maxton, G.P. & Wormald, J. (2004): Time for a Model Change – Re-engineering the Global Automotive Industry.- Cambridge.

MERIT – Maastricht Economic Research Institute on Innovation and Technology (2004): Evaluation des expériences de clustering en Région wallonne.- Maastricht.

Mossig, I. (2008): Automobilindustrie – Räumliche Strukturen zu Beginn des 21. Jahrhunderts.- In: Praxis Geographie, 38 (4): 4-8.

Schamp, E.W. (2005): Die Autoindustrie auf dem Weg nach Europa.- In: Geographische Rundschau, 57 (12): 12-19.

Schulz, C. & Dörrenbächer, H.P. (2005): Grenzraum Saarland-Lothringen – Vom Montandreieck zur Automobilregion?- In: Geographische Rundschau, 57 (12): 20-26.

Schulz, C. & Dörrenbächer, H.P. (2007): Automobilregion Saarland.- In: Dörrenbächer, H.P., Kühne, O. & Wagner, J.M. (Hrsg.): 50 Jahre Saarland im Wandel. Saarbrücken: 139-146.
 
Spatz, J. & Nunnenkamp, P. (2002): Globalization of the Automobile Industry – Traditional Locations under Pressure?.- Kiel.

VDA – Verband der Automobilindustrie (2010): Jahresbericht 2010.- Berlin.

Winter, J. (2006): Kompetenzerwerb in der Automobilindustrie – Das Beispiel Volkswagen Poznan (Polen).- In: Geographische Rundschau, 58 (4): 46-52.

Liens externes 


Autoessor external link

Automobil-Zulieferinitiative Rheinland-Pfalz external link

Automotive.saarland external link

Eurostat – Statistisches Amt der Europäischen Union external link

ILEA – Industrie Luxembourgeoise des Equipementiers de l’Automobile external link

INSEE Lorraine – Institut national de la statistique et des études économiques external link

IWEPS – Institut Wallon de l’Évaluation, de la Prospective et de la Statistique external link

Spatz, J. & Nunnenkamp, P. (2002): Globalization of the Automobile Industry – Traditional Locations under Pressure? external link pdf

STATEC – Institut national de la statistique et des études économiques (2011): Luxemburg in Zahlen external link pdf

Statistisches Amt Saarland (verschiedene Jahre): Statistische Berichte. Verarbeitendes Gewerbe sowie Bergbau und Gewinnung von Steinen und Erdenexternal link

Statistisches Landesamt Rheinland-Pfalz (verschiedene Jahre): Statistische Berichte external link