Meisenthal

Verrerie de Meisenthal / Burgun, Schverer & Cie

Des familles de verriers originaires du village voisin de Soucht fondèrent la verrerie de Meisenthal, laquelle s’imposa au cours du 19^e siècle parmi les plus importantes verreries de Lorraine.

En 1704, les verriers conclurent le premier contrat de fermage avec le duc lorrain, puis édifièrent en 1721 une nouvelle verrerie à Goetzenbruck spécialisée, comme à Meisenthal, dans la production de verres à boire, de vitres et de verres de montre.

Après la Révolution française, les successeurs des propriétaires de l’usine acquirent la verrerie de Meisenthal qui, en 1800, comptait 18 associés et 56 collaborateurs.

Désignée sous le nom "Verrerie de Meisenthal" jusqu’en 1823, la manufacture prit en 1824 l’appellation "Burgun, Schverer & Cie" et se spécialisa dans le verre de luxe (cristal poli), tandis que la production de verres de montre était réservée au site de Goetzenbruck.

Après la guerre prusso-française en 1870/71, l’usine de Meisenthal appartint à l’Empire allemand (jusqu’en 1918).

Il s’ensuivit une phase d'expansion économique : le nombre d’ouvriers passa de 350 en 1886 à 450 en 1893 pour atteindre 500 personnes en 1912.

La gamme de produits se composait de services de table réalisés en cristal et semi-cristal soufflé ainsi que d’articles en verre creux et verre pressé aux surfaces lisses et polies.

La réalisation de catalogues de produits multilingues et l’établissement de filiales à Berlin, Hambourg, Paris et Londres favorisaient la commercialisation des produits dans le monde entier ; d’autres filiales ouvrirent leurs portes à Sarreguemines et Milan, après 1900 puis à Buenos Aires et Mexico après 1915.

Une grande partie de la production était également destinée à l'exportation aux Etat-Unis jusqu'en 1918.

De 1905 à 1919, l’entreprise eut comme raison sociale "Verreries de Meisenthal Société en commandation par actions", jusqu’en 1935 "Verreries de Meisenthal Société par Actions", jusqu’en 1965 "Verreries de Meisenthal Société Anonyme", et enfin "Cristalleries-Verreries de Meisenthal Société Anonyme" de 1965 à 1969. Trois cents personnes perdirent leur emploi avec la fermeture de la verrerie en 1969.

Les verriers de Meisenthal jouissaient d’un succès certain et d'un prestige social, comme en témoignent leurs somptueuses maisons conservées aujourd’hui en grand nombre.

Vers 1900, la commune était desservie par les chemins de fer et abritait une demi-douzaine de restaurants, hôtels et cafés, une église française néogothique (1809) et une école datant de la période wilhelmienne (après 1871).

Le peintre sur verre Eugène Kremer dirigea l’atelier de décoration de la société "Burgun, Schverer & Co." à partir de 1897. Près de 1908 pièces de verrerie d’art y furent créées sous la marque "Verreries d'Art de Lorraine".

Eugène Kremer se vit décerner une médaille de bronze lors de l'Exposition Universelle de 1900 à Paris pour récompenser ses prestations, notamment dans le domaine de la peinture sur émail qu’il réalisait avec des nuances de couleur innovantes.

Le bâtiment de l’ancienne verrerie abrite désormais le "Musée du Verre et du Cristal" ainsi que le "Centre International d'Art Verrier" (CIAV). Fondé en 1981, le musée expose entre autre une collection des premières oeuvres d’Emile Gallé et dispose d’une bibliothèque ainsi que d’une sélection exceptionnelle de pièces d’archives sur l’histoire du verre.