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Tourisme de la pompe

 

Daniel Ullrich (2009)

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Evolution de la demande de carburant au Luxembourg et dans les pays voisins
La demande de carburant (essence ordinaire et super) au Luxembourg a augmenté de 65 % entre 1985 et 2005. A cette tendance s’oppose celle des trois pays voisins : depuis 1985, la demande de carburant a chuté de plus d’un tiers en France, de 30 % en Belgique et de 24 % tout de même en Allemagne.

Les différences sont encore plus prononcées dans le cas du gazole : les quatre pays ont connu une augmentation de la demande qui est attribuable à une plus faible consommation et aux avantages fiscaux réservés aux véhicules diesel. Au cours de la période considérée, la demande de gazole a triplé en France, a été multipliée par 2,5 en Belgique et a tout de même doublé en Allemagne. Dans le même temps, le Luxembourg a vu ses ventes de gazole presque décupler.

Une telle croissance ne peut être à elle seule justifiée par une augmentation de la demande intérieure. L’évolution hors du commun que connaît le Luxembourg s’explique en grande partie par l’augmentation du trafic des frontaliers vers les stations-services du pays qui, selon Michael Thöne (2008), s’articule autour de trois groupes : le trafic des migrants journaliers, le trafic de transit et le tourisme de la pompe. Cette énorme clientèle potentielle a un impact considérable sur l’emplacement et le nombre de stations-services dans le Grand-Duché et les régions voisines.

Carte : Tourisme de la pompe

 

Carte : Tourisme de la pompe

Daniel Ullrich, Saarbrücken

Tourisme de la pompe et trafic des frontaliers vers les stations-services
Le "tourisme de la pompe" désigne le phénomène selon lequel les conducteurs de voitures et de véhicules utilitaires, motivés par les divergences de prix liées à la fiscalité des carburants appliquée sur le plan national, franchissent les frontières de leur pays pour s’approvisionner en carburant à des tarifs plus avantageux. Thöne définit le tourisme de la pompe de la manière suivante : des différences notables de cours entre deux pays sur des produits faciles à transporter et pouvant être légalement exportés – comme dans le cas présent le carburant – amènent les consommateurs à adopter un comportement d'arbitrage :

"L’achat du produit sur le marché pratiquant le prix le moins élevé et la vente sur le marché pratiquant le prix le plus élevé ou la propre consommation du produit meilleur marché à la place du produit cher permet de réaliser des gains d’arbitrage. Cette pratique est désignée sous le terme d’arbitrage fiscal lorsque les divergences de prix sont en large partie ou totalement attribuées aux différences de fiscalité entre les pays concernés".

Aux gains engrangés par l'achat de carburant meilleur marché viennent s'ajouter les gains réalisés suite à des achats d’arbitrage d’autres produits également soumis à des taxes moins élevées à l'étranger. Dans le cas du Luxembourg, ces produits concernent essentiellement les alcools, le café et le tabac qui, bénéficiant également d’avantages fiscaux, permettent aux consommateurs des pays voisins de réaliser des économies notables.

La route de Wasserbillig à Mertert-Wasserbillig, une des principales destinations des adeptes allemands du tourisme de la pompe
Photo : Ullrich 2009

L’ampleur de la pratique du tourisme de la pompe varie dans une large mesure en fonction de la distance par rapport à la frontière du pays, de la durée requise du trajet ainsi que du montant de la différence de prix entre le pays voisin et le pays d'origine. Outre le trafic des frontaliers en provenance des régions voisines, le trafic de loisir a également une incidence de taille sur le tourisme de la pompe.

L’abolition des contrôles aux frontières au sein de l’UE depuis l’entrée en vigueur des accords de Schengen le 26 mars 1995, a intensifié ce phénomène. Dans les zones frontalières particulièrement bien desservies par le réseau de transport, les agglomérations regorgent de stations-services qui, dans les cas les plus extrêmes, approvisionnent la population en carburant à raison de deux pompes pour deux habitants.

Une distinction doit être établie entre le tourisme de la pompe et le trafic transfrontalier de la pompe. Dans le cas du Luxembourg, le tourisme proprement dit de la pompe joue certes un rôle important dans le trafic de la pompe mais ne constitue pas un facteur dominant.

Pendant que les touristes de la pompe ne font que franchir la frontière pour prendre de l’essence et faire demi-tour, les migrants frontaliers et les automobilistes en transit forment également deux groupes de consommateurs d’une très grande importance, bien que le principal motif de leur passage soit d'ordre commercial et que le carburant bon marché ne revête qu’une simple dimension secondaire. A l’inverse des consommateurs pratiquant le tourisme de la pompe, leur déplacement n’est pas motivé en premier lieu par le prix avantageux du carburant.

La motivation des consommateurs pratiquant le tourisme de la pompe est de deux ordres :
a)    Se rendre dans le pays voisin avec pour seule fin l’approvisionnement en carburant meilleur marché
b)    Traverser la frontière d’un pays pour faire des emplettes, se reposer, visiter la région : l’approvisionnement en carburant dans le pays de destination est un but secondaire important ou un motif déclencheur du déplacement.

Facteurs d’influence du tourisme de la pompe

Prix du carburant et différence de prix
Comme souligné précédemment, le prix avantageux des carburants constitue le principal motif du tourisme de la pompe. Les divergences de prix observées sur le marché intérieur de l’UE sont dues à la disparité des taux d’imposition appliqués dans les différents Etats membres. L’Union européenne ne prescrit que des taux minimum d’imposition aux Etats membres.

Le prix à la pompe est en grande partie influencé par deux valeurs : le prix du baril de pétrole brut et la taxe intérieure sur les produits pétroliers. Les prix des produits pétroliers sur le marché européen sont déterminés dans une large mesure par les prix fixés sur le marché de Rotterdam. Ces prix de marché spot évoluent en fonction des cours du pétrole brut à la Bourse de Londres et de New York.

Les cours du pétrole brut fluctuent parfois d’heure en heure et dépendent fortement des achats d‘options de vente. En outre, ils réagissent immédiatement à la moindre nouvelle concernant la politique mondiale ou l’économie, en particulier lorsqu’elle touche les pays de l’OPEC ou les grands pays consommateurs de pétrole comme les Etats-Unis ou la Chine.

La taxe intérieure sur les produits pétroliers, appliquée aux huiles minérales et au gaz naturel, fait partie des impôts sur la consommation qui se mesurent sur la base de la consommation des produits. Les sommes perçues sont intégralement reversées à l’Etat et constituent une part essentielle du total des recettes fiscales.

a) Comparaison des prix à la consommation du gazole au 23 mars 2009
b) Comparaison des prix à la consommation de l’Eurosuper au 23 mars 2009

Source : MWV

La comparaison des prix des carburants pratiqués en Allemagne, en France, en Belgique et au Luxembourg permet de constater que les taxes constituent la plus grande part du prix final payé. En comparant les prix de vente du gazole hors taxe intérieure sur les produits pétroliers et hors taxe sur la valeur ajoutée, la Belgique est en première position avec un prix de 40,6 ct/l, suivie par le Luxembourg avec 37,9 ct/l. L’Allemagne et la France se positionnent loin derrière. La comparaison des prix de vente hors taxes de l’Eurosuper (95 octanes) conduit à un constat analogue. Le tarif luxembourgeois est même dans ce cas plus élevé que celui des trois pays voisins.

L'étude comparative des prix à la consommation, incluant donc la taxe intérieure sur les produits pétroliers et la taxe sur la valeur ajoutée, donne cependant un tout autre résultat : en raison du montant plus faible de la taxe intérieure sur les produits pétroliers comme de la taxe sur la valeur ajoutée, les prix des carburants luxembourgeois sont bien inférieurs à ceux pratiqués dans les trois pays voisins.

Composition des prix d’essence (prix à la pompe de l’Eurosuper 95) en Allemagne, taxe sur le chiffre d’affaires incluse, pour un prix final de 1,171 €/l et au Luxembourg pour un tarif de 96,3 ct/l. Indications en ct/l et %, date : mars 2009
Source : MWV

Développement des ventes de gazole dans le Luxembourg et les pays voisins dès 1985
Source: Thöne 2008

Depuis ces dernières années, il n’est pas rare d’observer des différences de prix de plus de 20 centimes d’euros par litre de carburant. L’influence des taxes sur la composition du prix de l'essence est mise en lumière à partir de l'exemple de l'Allemagne et du Luxembourg. Le graphique présente pour le Luxembourg et l’Allemagne le prix à la pompe d’un litre d'essence (Eurosuper 95) qui se compose de cinq éléments.

Les taxes occupent la part la plus importante dans la composition du prix du carburant pratiqué dans les stations-services allemandes. Les prix coûtants des produits et des marchandises, incluant les marges des pétroliers, ne constituent que 28 % du prix du carburant.

Les 72 % restants du prix à la pompe sont occupés par les taxes. A l’heure actuelle, la taxe intérieure sur les produits pétroliers ajoutée à l’écotaxe se monte à 65,5 centimes par litre d'essence (taxe intérieure sur les produits pétroliers : 50,1 centimes, écotaxe : 15,4 centimes) et à 47 centimes par litre de gazole. L’écotaxe, qui a conduit à une augmentation de la taxe intérieure sur les produits pétroliers de 3,07 centimes par litre de carburant au 1er avril 1999 ainsi qu'au 1er janvier 2000 jusqu’en 2003, dans le cadre de la réforme fiscale écologique, n’est pas une taxe autonome mais est incluse dans la taxation des huiles minérales.

Outre la taxe sur les produits pétroliers et l’écotaxe, les prix des carburants comprennent également une taxe sur les stocks pétroliers d’un montant de 0,46 centimes par litre d’essence et de 0,36 centimes par litre de gazole. Vient s’ajouter enfin la taxe sur la valeur ajoutée (taxe sur le chiffre d'affaires) d’un montant de 19 % appliqué au prix coûtant du produit, à la taxe sur les produits pétroliers et l’écotaxe ainsi qu’à la taxe sur les stocks pétroliers.

En additionnant ces différents taux d'imposition, on obtient pour un prix total de 1,171 euros par litre d’Eurosuper, une contribution fiscale de 84,1 centimes à laquelle s’ajoute la taxe sur les stocks pétroliers.

Au Luxembourg, la taxe sur les produits pétroliers (qui compte parmi les taxes directement perçues) s’élève en 2009 à 46,2 centimes par litre d'essence et à 30,2 centimes par litre de gazole. La taxe sur la valeur ajoutée (taxe sur le chiffre d’affaires) s’élève au Luxembourg à 15 %, soit 4 % de moins que les TVA allemande (19 %) et française (19,6 %) et 6 % de moins que le taux belge (21 %).

D’un montant de 37,5 centimes par litre, le prix coûtant de la marchandise occupe une part bien plus importante dans le prix à la pompe au Luxembourg. Ce prix inclut déjà les redevances de concession des stations-services qui s’élèvent à 4 centimes le litre. Depuis le 1er janvier 2007, une taxe climatique d’un montant de 1,25 centimes par litre de gazole et de 2 centimes par litre d'essence est également comprise dans le prix coûtant de la marchandise.

Avec l’émergence du tourisme de la pompe due à la disparité des taux d'imposition, le Luxembourg, qui perçoit depuis longtemps des taxes d'imposition relativement faibles sur l'essence et le gazole, est statistiquement le premier consommateur de pétrole en Europe et affiche aujourd’hui une consommation de pétrole par tête presque cinq fois plus élevée que la moyenne de l’Union européenne. Les clients luxembourgeois ne représentent qu'une part de 31 % du volume des ventes d’essence et 9 % des ventes de gazole.

Les impôts et taxes générés par la demande de carburant ont un poids beaucoup plus important dans le budget du Luxembourg que dans la plupart des autres Etats membres de l'UE. Les recettes réalisées à partir de la taxe sur les produits pétroliers et des redevances de concession représentent à elles seules plus de 10 % de la masse fiscale globale.

Le secteur pétrolier compte 2 500 emplois directs au Luxembourg, en 2 100 aux stations de service qui vendent 3 milliards de litres de carburant par an et rapportent plus d'un milliard d'euros à l'Etat luxembourgeois (2010).

Rentabilité et accessibilité au réseau de transport : des facteurs déterminants
L’ampleur de la pratique du tourisme de la pompe varie dans une large mesure en fonction de l’accessibilité du lieu de destination, laquelle se mesure sur la base de la distance par rapport au lieu de départ, de la durée du trajet et également des frais de déplacement.

Outre la différence de prix, les automobilistes pratiquant le tourisme de la pompe prennent également en compte les facteurs susmentionnés même si l’on peut supposer qu’ils n’adoptent pas systématiquement un comportement rationnel.

Bien que le facteur distance soit particulièrement important, la « distance économique » joue selon W. Christaller (1968) un rôle déterminant. Dans le cas du tourisme de la pompe, les paramètres qui définissent ce facteur sont les frais de déplacement, la durée du trajet, l'usure du véhicule et le risque d'accident.

La portée d’un bien désigne à cet effet la distance maximale qu’un consommateur est prêt à parcourir pour se procurer un bien.

Automobilistes allemands pratiquant le tourisme de la pompe à essence à Schengen/Remerschen
Photo : Ullrich 2009

La portée dépend essentiellement de la différence de prix, des frais de déplacement et d’exploitation ainsi que la durée maximale du trajet tolérée par le consommateur. Le rapport coût/utilité de ce tourisme (rapport entre les économies réalisées et les coûts réels de déplacement) dépend d’un grand nombre de paramètres individuels qui sont entre autres spécifiques au véhicule utilisé et aux choix de l’automobiliste.

Dans son analyse sur le tourisme de la pompe, P. Michaelis (2004) souligne néanmoins que les coûts supplémentaires engendrés par le kilométrage parcouru (par exemple la dépréciation du véhicule, les coûts supplémentaires d’entretien et de remplacement des pièces) ainsi que l’augmentation du risque d’accident au cours du trajet, ne semblent avoir qu'un impact théorique ; selon l’auteur, on ne peut supposer que le comportement de la majorité des conducteurs découle d'une réflexion purement rationnelle :

 

Prix des carburants à une station-service située sur la route d'Arlon à Rombach-Martelange, à proximité immédiate de la frontière belge
Photos : Ullrich 2009

"L’expérience générale de la vie permet bien davantage de supposer que les conducteurs prennent uniquement en considération la consommation supplémentaire de carburant ainsi que la durée maximale tolérée du trajet dans le calcul des frais supplémentaires".

La portée d’un bien et la définition de sa zone d’attraction dépendent toujours de son emplacement et de son accessibilité par les transports. La qualité du réseau de transport et les types de voies de communication disponibles ont donc une importance cruciale.

La construction d’autoroutes, comme ce fut le cas en Sarre avec l'extension en 2003 de l'A8 en direction du Luxembourg, peut permettre de réduire la durée du déplacement voire même la distance à parcourir. De telles mesures d’aménagement ont non seulement une incidence sur la réflexion des conducteurs concernant le rapport coût/utilité mais également sur les zones d’attraction des lieux de destination ainsi mieux desservies.

Elles peuvent conduire à un agrandissement de ces zones ainsi qu’à un déplacement des flux touristiques. Depuis l’extension de l’A8, Schengen est directement desservi par l’autoroute. Dans le même temps, deux stations-services ont vu le jour au niveau de la bretelle d’accès et de la sortie de l'autoroute et une troisième station ouvrait en 2009. Ces aménagements ont des retombées incontestables sur les stations-services de la localité ainsi que sur celles de Remich, distantes de huit kilomètres.

Outre les facteurs distance et accessibilité, la vente d’un bien dépend également du nombre d’acheteurs potentiels et de leur concentration. Il s’agit, dans le cas du tourisme de la pompe, des automobilistes qui résident ou travaillent dans la région frontalière.

 

Achats couplés
Le tourisme de la pompe ne se limite pas au simple achat d’essence. Le plein de carburant aux stations-services étant bien souvent associé à d’autres activités, on ne peut réduire l’analyse du phénomène du tourisme de la pompe à la simple observation des différences de prix pratiqués dans le secteur du carburant. Outre le carburant, les touristes font également l’acquisition de produits ou même de services, qui, dans le cas où ils sont également meilleur marché, permettent d’augmenter la rentabilité du déplacement de l’autre côté de la frontière.

Le tourisme de la pompe au Luxembourg est particulièrement accompagné par l'achat d'alcools, de café et surtout de tabac. En raison du niveau peu élevé des d’accises, de la taxe sur le chiffre d’affaires réduite à 12 % et de l’augmentation massive entre 2004 et 2005 de l’impôt sur le tabac dans les pays voisins, le différentiel de prix du tabac entre le Luxembourg et les Etats limitrophes a tellement augmenté qu’il fait l'objet d'une demande croissante de la part des clients voisins.

Ces ventes complémentaires, qui se sont ainsi développées dans les stations-services, sont depuis longtemps ajustées au comportement des consommateurs. Il n'est pas rare de trouver jusqu'à 250 sortes de cigarettes dans les boutiques. Les différentiels de taxes (taxe sur les produits pétroliers et impôt sur le tabac) observés parallèlement se renforcent ainsi mutuellement et augmentent l’intérêt pour les achats transfrontaliers. Les achats couplés s’avèrent particulièrement intéressants pour les personnes venant de loin car ils rentabilisent ainsi leur déplacement. Il est à supposer que les personnes qui parcourent une plus longue distance dépensent en général davantage que les clients habitant à proximité de la frontière, les coûts et les temps de déplacement étant plus élevés.

Le tourisme de la pompe ne se limite finalement pas à un simple voyage d’approvisionnement, il est souvent motivé par diverses autres raisons. Les clients des stations-services profitent souvent de leur déplacement au Luxembourg pour y entreprendre des activités de détente et de loisirs.

 

Travailleurs frontaliers
Parmi les consommateurs à l’origine de la hausse de la demande de carburant, les travailleurs frontaliers constituent également un groupe non négligeable qui fréquente régulièrement les stations-services éloignées de la frontière. Ces personnes originaires des régions limitrophes du Grand-Duché travaillent au Luxembourg.

Les travailleurs frontaliers sont actuellement au nombre de 150 000 environ (2009), soit près de 40 % des actifs luxembourgeois. A l'inverse, on estime à 700 environ le nombre de Luxembourgeois qui se rendent chaque jour dans les pays voisins.

Les travailleurs frontaliers qui circulent avec leur propre véhicule – ils sont environ 85 % (cf. article sur le transport public transfrontalier) – choisissent le lieu d’approvisionnement en carburant (pays d'origine ou pays où ils travaillent) en fonction des tarifs qui y sont appliqués. A la différence du tourisme de la pompe, les coûts de transaction liés par exemple à l'usure du véhicule, le risque d'accident et la perte de temps ne sont pas pris en considération dans la réflexion des travailleurs frontaliers étant donné qu’ils sont de toute façon contraints d'effectuer le déplacement.

 
"Sparen beim Tanken – Sparen beim Kaufen" (plein économique – achats économiques), tel est le slogan d’une station-service indépendante au Luxembourg
Photo : Ullrich 2009

 

Le trafic de transit
Le dernier groupe jouant un rôle important dans la demande de carburant est formé par les automobilistes en transit, c'est-à-dire les voyageurs qui passent par le Grand-Duché pour rejoindre leur lieu de destination. Outre le trafic normal des véhicules particuliers et le trafic saisonnier des vacanciers, les stations-services des autoroutes sont surtout fréquentées en grand nombre par les poids lourds.

En général, les conducteurs en transit choisissent le lieu d’approvisionnement en carburant selon le même critère que les touristes de la pompe, soit le différentiel de prix entre le pays d'origine et le pays où ils font le plein.


Poids lourds faisant le plein sur l’aire de Capellen, en direction de la Belgique
Photo : Ullrich 2009

En ce qui concerne la dimension géographique, force est de mettre en valeur une différence fondamentale : avec un réservoir plein, un véhicule particulier moderne a une autonomie d’environ 750 km.

L'autonomie des poids lourds longue distance peut en revanche aisément atteindre les 2 500 km. Certaines entreprises de transport des pays voisins se ravitaillent en carburant exclusivement au Luxembourg afin de s’assurer un avantage concurrentiel de poids.

Un véhicule particulier ayant fait un plein au Luxembourg peut se rendre au-delà de la Belgique ou des Pays-Bas. Ils disposent d’une autonomie suffisante pour traverser une bonne partie de l'Allemagne et de la France et rejoindre l'Angleterre, l'Italie, la République tchèque, la Suisse ou l’Autriche.

En revanche, un poids lourd ayant fait le plein au Luxembourg peut rejoindre presque toutes les destinations européennes sans avoir à faire un deuxième arrêt à la pompe. Le gazole luxembourgeois est particulièrement indiqué pour traverser presque l’ensemble de l’Europe.

La hausse constante du chiffre d’affaires des stations-services luxembourgeoises présente un inconvénient :

Les émissions liées aux ventes de carburant pèsent sur le budget des émissions du Luxembourg au sens du Protocole de Kyoto entré en vigueur en complément de la convention-cadre sur les changements climatiques. 

Portée du carburant luxembourgeois Source: Thöne 2008

Vente de pétrole des stations de service luxembourgeoises
Source : Groupement pétrolier luxembourgeois

Développement du nombre de stations de service au Luxembourg. Il y a un procès de concentration de la vente aux stations plus grandes.
Source
: Groupement pétrolier luxembourgeois

 

Sources


Christaller, W. 1968: Die zentralen Orte in Süddeutschland: Eine ökonomisch-geographische Untersuchung über die Gesetzmäßigkeit der Verbreitung und Entwicklung der Siedlungen mit städtischen Funktionen. Darmstadt.

Clees, J. 2006: Le commerce transfrontalier des produits soumis á accises au Grand-Duché de Luxembourg. Paris

Kaps, T. & B. Glembotzki 2005: Tanktourismus: Beförderung von flüssigen Kraftstoffen. In: Der Verkehrsdienst: VD; Zeitschrift für die Rechtspraxis im Straßenverkehr, Bd. 51, Heft 5, S. 124–127.

Lenk, T., Vogelbusch, F. & C. Falken 2006: Zur Problematik unterschiedlicher Steuersätze in den Grenzregionen: das Beispiel des deutschen Tanktourismus. In: Hasse, R. H. & C. Kunze (Hg.) 2006: Die Erweiterung der Europäischen Union zwischen Konvergenz und Divergenz. Leipzig, S. 91–115.

Michelis, P. 2004: Tanktourismus – Eine Szenario-Analyse. In: Zeitschrift für Verkehrswissenschaft, Bd. 75, S. 110–125

Naumann, C. (2005): Tanktourismus im deutsch-luxemburgischen Grenzraum am Beispiel Mertert-Wasserbillig. Diplomarbeit. Geographisches Institut der Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn.

Popp, H. 1979: Zur Bedeutung des Kopplungsverhaltens bei Einkäufen in Verbrauchermärkten: Aktionsräumliche Aspekte. In: Geographische Zeitschrift, 67. Jg., Heft 4, S. 301–313.

Puwein, W. 1996: Das Problem des Tanktourismus. In: Österreichisches Institut für Wirtschaftsforschung: Monatsberichte, Bd. 69, Heft 11, S. 719-727

Spannowsky, W. 2006: Planung und Realisierung von Autobahnen – Vergleich der räumlichen Planungssysteme in der Großregion „Saarland, Lothringen, Großherzogtum Luxemburg, Region Wallonien und Rheinland-Pfalz“. In: Schriftenreihe zum Raumplanungs-, Bau- und Umweltrecht, Bd. 8, Kaiserslautern.

Statistische Ämter der Großregion Saar – Lor – Lux – Rheinland-Pfalz – Wallonie (Hg.) 2008: Saar – Lor – Lux – Rheinland-Pfalz – Wallonie: Statistische Kurzinformationen. Koblenz.

Liens externes 


Banfi, S., Filippini, M. & L. C. Hunt 2003: Fuel tourism in border regions. ETH Zürich – CEPE Working Paper, Nr. 23 (06.05.2008) external link pdf

Bundesministerium der Finanzen (BMF) (2006): Ökologische Steuerreform (05.05.2008) external link pdf

FISALIS SA (Hg.) 2008: Viaah! annuaire (06.06.2008) external link

Groupement Pétrolier Luxembourgeois a.s.b.l. (GPL) 2009: Prix et Statistiques, Marché National (04.06.2008) external link 

Lenk, T., Vogelbusch, F. & C. Falken 20041: Auswirkungen der grenzüberschreitenden Steuerarbitrage auf das Mineralölsteueraufkommen in Deutschland – Eine finanzwirtschaftliche Bestandsaufnahme 1999 – 2003 (08.05.2008) external link pdf

Lenk, T., Vogelbusch, F. & C. Falken 20042: Auswirkungen des Tanktourismus auf das deutsche Steueraufkommen - Eine finanzwissenschaftliche Bestandsaufnahme (05.05.2008) external link

Mineralölwirtschaftsverband e.V. (MWV) 2009: Vergleich der Verbraucherpreise in der EU, Stand 06.04.2009 (15.04.2009) external link

STATEC 2008: Luxemburg in Zahlen (05.04.2009) external link pdf

Syndicat des villes et communes Luxembourgeoises (SYVICOL) 2008: Villes et communes (06.04.2009) external link

Thöne, M. 2008: Laffer in Luxemburg – Tankverkehr und Steueraufkommen im Großherzogtum. Köln (08.03.2008) external link pdf

TECSON (2008): Entwicklung der Rohölpreise auf dem Weltmarkt (06.06.2008) external link 

United Framework Convention on Climate Change (UFCCC) (1998): Das Protokoll von Kyoto zum Rahmenübereinkommen der Vereinten Nationen über Klimaänderungen. Bonn. (04.04.2009) external link pdf