II - 1815-1830

II - 1815-1830

II. Les modifications territoriales au lendemain du Congrès de Vienne (1815-1830)


Les frontières fixées lors du Congrès de Vienne n'étaient pas définitives. Les différents Etats poursuivirent les négociations, ce qui conduisit à la tenue d'autres congrès et à la conclusion de nouveaux accords qui modifièrent à plusieurs reprises le tracé des frontières.

Ce phénomène est attribué au fait que le Congrès de Vienne s'était limité à un tracé théorique et arbitraire qui portait gravement préjudice aux territoires proches des frontières. En raison des négociations de longue haleine que les différentes parties ont menées sur la question des frontières, ce chapitre n’en présente que les grandes lignes.

Cette carte illustre les modifications territoriales survenues dans la Grande Région après le Congrès de Vienne. Outre des rectifications majeures concernant des territoires entiers, des parcelles minuscules furent également échangées entre les voisins. C’est là que furent également définis les tracés restés pratiquement inchangés pendant une longue période. La frontière entre la Prusse et le Luxembourg fit partie des négociations.


Carte : Frontières de 1815 jusqu'à aujourd'hui

Carte : Frontières de 1815 jusqu'à aujourd'hui

Claude Back, Luxembourg

Le congrès de Vienne de 1814/15: Séance des plénipotentiaires des huit grandes puissances signantes
Source : Gravure sur cuivre de Jean Godefroy, 1819; Westfälisches Landesmuseum für Kunst und Kulturgeschichte Münster

Les bouleversements furent nombreux à cette époque. Dès le 20 novembre 1815, le Second Traité de Paris redessina la frontière entre le Royaume des Pays-Bas et la France. Dans le même temps, la frontière française vit son tracé modifié au niveau de la Sarre et de Landau au profit de la Prusse et de l’Autriche.

La frontière définitive entre le Royaume des Pays-Bas et la Prusse mit du temps à s’établir. La frontière orientale du Grand-Duché de Luxembourg joue dans ce contexte également un rôle important car c'est à cette époque que sont tracé fut établi. IL fallut attendre la signature des Traités d'Aix-La-Chapelle et de Clèves ainsi que le Protocole d’Emmerich pour obtenir le tracé définitif de cette limite. C’est dans ce contexte que fut créé, à titre provisoire, le territoire du « Moresnet neutre », maintenu sous cette forme jusqu'à la Première Guerre Mondiale.

La Bavière se vit remettre le Palatinat avec la forteresse de Landau tandis que l’Autriche céda ses territoires d’administration à la Prusse. Dans la vaste région gagnée par la Prusse à l'ouest du Rhin, sur décision du Congrès de Vienne, de nombreux changements furent opérés.

Toutefois, la zone du Rhin occidental ne resta pas partagée entre la Prusse et la Bavière. L'article 49 de l’Acte final du Congrès de Vienne prévoyait en effet qu’une région de 69 000 habitants située dans l’ancien département français de la Sarre, à la frontière avec le Palatinat, soit attribuée à cinq princes allemands.

La Prusse était dans l’obligation de dédommager la noblesse, qui avait perdu des territoires au cours des guerres napoléoniennes, en lui cédant des terres de son ressort. Le partage devait reposer sur le nombre d’habitants ou, comme l’on disait dans le jargon de l’époque, sur le « nombre d’âmes ». Conformément à cet article, le Duc d’Oldenbourg et le Duc de Saxe-Cobourg-Saalfeld avaient droit respectivement à un territoire de 20 000 habitants.

Le Grand-Duc de Mecklenburg-Strelitz et le landgrave de Hesse-Hombourg devaient quant à eux se voir attribuer respectivement une zone de 10 000 « âmes ». Enfin, un territoire de 9 000 habitants revint au Comte de Pappenheim. Cinq petits territoires devaient ainsi faire leur apparition dans la région placée sous administration prussienne. Jusqu'au 30 avril 1816, date à laquelle ils furent remis à la Prusse, ces territoires avaient été placés sous le contrôle de la Bavière et de l’Autriche.

Territoires de Nassau et de Hesse-Homburg
Source : Carte historique
(version plus grande)

Principauté de Lichtenberg
Source : Stadt St. Wendel

Une commission territoriale fut constituée en 1816 pour régler ces questions. Bien qu’il s'agît de territoires relativement insignifiants, les négociations furent coriaces. Finalement, le Duc de Saxe-Coburg-Saalfeld se vit attribuer un territoire aux environs de St. Wendel, qui devint la principauté de Lichtenberg.

Le Duc d’Oldenbourg fit l’acquisition d’un secteur autour de Birkenfeld et le landgrave de Hesse-Hombourg une région près de Meisenheim ; le Grand-Duc de Mecklenburg-Strelitz et le Comte de Pappenheim renoncèrent quant à eux aux terres qui leur revenaient en échange d’une compensation financière.

Néanmoins, les frontières entre la France d’une part et la Bavière et la Prusse d’autre part devaient encore subir d’autres changements.

Force est de souligner les remarquables circonstances dans lesquelles la nouvelle frontière occidentale du Grand-Duché de Luxembourg fut tracée, au terme de longues années de négociations. Cette période a ainsi été le témoin de nombreuses modifications territoriales intéressantes. 

Littérature/Sources


Becker, B. & E. Schaaf 1980: Geschichte des Fürstentums Birkenfeld von 1817 bis 1848/49, Koblenz, S. 54

Dreesen, J. 2008: Das Fürstentum Lichtenberg (1816-1834) im Vormärz. Ein Provisorium, Neuerburg, S. 7.

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