III - 1831-1870
III - 1831-1870
III. De la Révolution belge aux crises des années 1860 (1831-1870)
Cette période fut marquée par des bouleversements significatifs dans l'actuelle Belgique ainsi qu'au Luxembourg. Alors que la région allemande connut également des transformations majeures, la France demeura dans le même état tout au long de la période considérée. La Révolution belge fut un évènement lourd de conséquences pour la Belgique mais également pour le Grand-Duché de Luxembourg. Elle prend, une fois de plus, son origine en France. Le 27 juillet 1830, une insurrection avait éclaté en France contre les Bourbons. Les idées révolutionnaires de Paris gagnèrent une nouvelle fois de nombreuses parties de l’Europe. C’est ainsi que la Belgique, également influencée par ces idées, fut le théâtre d’un soulèvement à l'encontre des Pays-Bas qui survint à Bruxelles le 25 août 1830, à peine un mois après l'insurrection parisienne contre les Bourbons. Ce soulèvement prit la forme d’une véritable révolution qui s’étendit sur une grande partie du Royaume. Les révolutionnaires belges fondirent un gouvernement provisoire qui proclama l’indépendance de la Belgique dès le 4 octobre 1830. Le 15 octobre 1831, les grandes puissances soumirent aux deux parties - la Belgique et le Royaume des Pays-Bas - un projet de traité constitué de 24 articles. Le gouvernement belge signa le « traité des 24 articles » le 15 novembre 1831. Il fallut attendre le 11 mars 1838, soit près de six ans et quatre mois après la signature du « traité des 24 articles » par la Belgique et les cinq grandes puissances, pour que le roi Guillaume Ier finisse par accepter le traité et le signe. |
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Scène des Jours de septembre de 1830, peinture de G. Wappers, 1835http://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/te63/gr211/ii249#sigProId8700cfb54c Musées royaux d'art et d'histoire, Brüssel |
Le 19 avril 1839, les cinq grandes puissances, la Belgique et le Royaume des Pays-Bas signèrent le « Traité de Londres ». Outre les représentants de la France, de l’Autriche, de la Grande-Bretagne, de la Prusse et de la Russie, un délégué de la Belgique ainsi que son homologue du Royaume des Pays-Bas étaient également présents. En vertu de l’article 1er de ce traité, conclu entre la Belgique et le Royaume des Pays-Bas, la Belgique réunissait les Provinces de Brabant, Lièges, Namur, Hainaut, de la Flandre occidentale, de la Flandre orientale, d’Anvers et de Limbourg. Hormis la Province de Limbourg qui fut divisée, toutes les Provinces gardèrent ainsi leur forme d'origine. Le Traité de Londres stipulait également que la moitié occidentale du Grand-Duché de Luxembourg devait désormais appartenir à la Belgique. Dans l’article 6, les deux parties déclaraient renoncer aux territoires de leurs voisins respectifs. Enfin, l’article 7 déclarait la neutralité de l’Etat belge. La Belgique et les Pays-Bas n'étaient pas les seuls Etats concernés par ce traité : la Confédération germanique était également impliquée étant donné que le Grand-Duché en était toujours membre. Plus de la moitié de ce territoire fut désormais coupée. Pour compenser cette perte, la Confédération germanique intégra la province néerlandaise de Limbourg. |
Après la ratification du Traité de Londres, le Royaume néerlandais tenta de rétablir rapidement sa puissance dans la partie du Luxembourg qui lui restait. C'est ainsi que, le 16 juin 1839, deux Commissaires du royaume se rendirent dans le Grand-Duché afin de démontrer la volonté du Roi de reprendre possession du Luxembourg. Or, le Roi des Pays-Bas s’était engagé, dans le cadre du Traité du 19 avril 1839, à considérer le Luxembourg comme un Etat indépendant et à l’administrer en conséquence. Il n'était donc plus en mesure de traiter le Luxembourg comme une province de son royaume. Il est à noter que le Traité de Londres ne définissait pas précisément le tracé des frontières, tâche qui incombait à des commissaires aux frontières belges et néerlandais. Il fallut ainsi attendre la signature du Traité des limites du 7 août 1843 pour que la frontière définitive entre la Province belge de Luxembourg et le Grand-Duché de Luxembourg soit établie. Ce Traité fut conclu entre le Roi des Belges et le Roi des Pays-Bas en sa qualité de Grand-Duc de Luxembourg. |
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Traité de Londreshttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/te63/gr211/ii249#sigProIdff90c16b79 Source : Archives du ministère des Affaires étrangères de la République française |
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La guerre austro-prussienne - bataille de Königgrätzhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/te63/gr211/ii249#sigProId8436be4afe Source : Peinture de C. Sell |
Une liste des commissaires aux frontières des deux parties fut d’abord établie, suivie d’un compte rendu descriptif des plans et des cartes du territoire. L’article 4 décrit le tracé de la frontière entre le Grand-Duché de Luxembourg et le Royaume de Belgique. Durant cette période, deux autres modifications territoriales furent entreprises. En 1833, la principauté de Lichtenberg appartenant à la maison de Saxe-Cobourg et de Gotha fut vendue à la Prusse. D’autre part, en 1866, la région de Meisenheim fut remise à la maison de Hesse-Darmstadt par pacte successoral, en raison de l’interruption de la succession masculine de la maison de Hesse-Hombourg. Ces deux modifications pacifiques des frontières furent toutefois suivies par une guerre sur le territoire germanique. Disputée par les membres de la Confédération germanique, cette guerre austro-prussienne fit date dans l’histoire. Le conflit opposa la Prusse et ses alliés à l’Autriche et ses alliés. Suite au Congrès de Vienne, la Confédération germanique était placée sous le contrôle des deux grandes puissances germaniques, l’Autriche et la Prusse. Ces deux puissances aspiraient toutefois à prendre le contrôle de la Confédération. Le conflit s’aggrava alors entre la Prusse et l’Autriche. |
La principale conséquence de la guerre fut la dissolution de la Confédération germanique, laquelle s’accompagna également de modifications territoriales. Sur le territoire de la Grande Région, Nassau et Meisenheim tombèrent sous le contrôle de la Prusse. Un consensus historique finit par être trouvé sur la « question luxembourgeoise ». Le Grand-Duché de Luxembourg se vit attribuer le statut d'Etat neutre. La menace d’une guerre entre la France et la Prusse était ainsi conjurée. |
Littérature/Sources Calmès, A. 1982: Le Grand-Duché de Luxembourg dans la révolution belge (1830-1839), Luxembourg De Ridder, A. 1920: Histoire diplomatique du traité de 1839, Bruxelles Dostert, P. 1989: Le démembrement du Grand-duché de Luxembourg par le traité des XXIV articles, In: D’Commemoratiounsfeierlechkeeten 1989 aus deer Siicht vun der Gemeng Suessem, Festbroschüre, Sanem, 1989, S. 39-44 Neu, P. 2003: Die belgische Revolution von 1830 und ihre Ausstrahlung auf den luxemburgisch-deutschen Grenzraum, In: Hémecht, Zeitschrift für Luxemburger Geschichte, Luxemburg, Heft 4, 2003 Spang, P. 1991: La représentation diplomatique du Grand-Duché de Luxembourg à l’étranger de 1815 à 1947, In: Hémecht, Zeitschrift für Luxemburger Geschichte, Luxemburg, Heft 4, 1991, S. 563-570. Mémorial A N° 10 du 14. 02. 1844, S. 77 |