Wadgassen
GK009 Wadgassen
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Cristallerie Wadgassen 1925http://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProIdef611179f5 Source : Archives V&B |
Cristallerie WadgassenVilleroy & Boch Fondée en 1842 verre creux blanc, verre moulé, cristal |
Eva Mendgen
Les entrepreneurs Alfred Villeroy et Johan Franz Boch, dont la renommée n’était plus à faire dans le domaine de la faïence, édifièrent dans l’ancienne Abbaye des Prémontrés de Wadgassen une usine de production de verre creux blanc, la "Cristallerie Villeroy, Karcher & Comp". Nicolas Villeroy, le grand-père d’Alfred originaire de Lorraine, avait fait l’acquisition de l’abbaye après sa sécularisation, en 1798. Il partageait la propriété de l'édifice avec Eduard Karcher, qui se retira en 1883, et le Lorrain Eugen Raspiller, dont la famille possédait entre autres la verrerie de Fenne. Selon l’acte de concession datant de 1899, l’entreprise Villeroy & Boch exploitait depuis l’année 1842 une usine de fabrication de verre creux blanc, de verre moulé et de cristal dans la commune de Wadgassen , elle se spécialisa toutefois dans la production de cristal. |
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Catalogue de produits 1868, Archives V&Bhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProIdf4b008d1ff Photo : E. Mendgen |
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Souffleurs de verre de la Cristallerie de Wadgassen 1893http://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProId1ab1e8ea19 Source : Archives V&B |
La manufacture était organisée sur le modèle de la cristallerie de Baccarat, selon une note rédigée par le verrier Nicholas Kopp, qui émigra par la suite aux Etats-Unis, elle entra en activité le 26 août 1842. Les verriers étaient en majorité originaires des anciens centres verriers de Lorraine : Baccarat, Lemberg, Soldatenthal, Meisenthal ou Schoenecken. Des souffleurs et tailleurs de verre de Wadgassen furent, inversement, embauchés ultérieurement en Lorraine (Meisenthal, Lemberg). Le site de Wadgassen était parfaitement indiqué pour l’implantation des verreries : l’entreprise de Mettlach possédait la mine de Hostenbach située non loin, ce qui permit d’alimenter les fours à verre en coke dès le début des activités. |
La nouvelle manufacture mit à profit le savoir-faire de la famille de verriers lorraine Raspiller (Louisenthal, Fenne) et désigna les deux premiers directeurs techniques de la cristallerie en la personne des frères Eugen et August. L’usine se montra d’une modernité exemplaire pour l'époque : la production de verre brut et sa transformation avaient lieu sous le même toit et non à domicile comme c'était le cas de l’industrie du verre en Bohème du Nord. En concurrence avec Saint Louis, Baccarat, Val-Saint-Lambert et les verreries rhénanes (Köln-Ehrenfeld), Wadgassen approvisionnait les marchés français et allemand en pièces de cristallerie. Les produits étaient embarqués sur la Sarre avant d’être acheminés par la voie ferrée à partir de 1868. |
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Catalogue des produits, Wadgassen 1868http://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProId1d233347f1 Source: Archives V&B Photo : E. Mendgen |
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Polisseurs de la cristallerie de Wadgassen, Archives V&Bhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProId196a01e5f2 Photo : E. Mendgen |
L’usine connut une expansion constante : le nombre d’ouvriers passa de 325 en 1883 à 503 en 1892, près de la moitié d'entre eux étant spécialisés dans le polissage et la gravure du verre. S'y joignirent, entre autres, des fumistes, chauffeurs, "Hüttermädcher", spécialisés dans l’emballage et la découpe, ainsi que des peintres sur verre. En 1899, l’usine de Wadgassen tournait jour et nuit et la relève des équipes avait lieu à 6 heures du matin et à 6 heures du soir. Les ateliers de façonnage du verre comportaient les activités suivantes : polissage, peinture, gravure et gravure brillante, guillochage et dorure. Au terme de la Première Guerre Mondiale, la plupart des opérations de façonnage furent toutefois plus ou moins supprimées au profit du polissage pour des raisons de rentabilité. L’usine commença à se spécialiser, notamment dans les garnitures de table et les récipients à boire ainsi que, au cours des années 1880, dans les "produits d’art". |
Des coupes somptueuses, des bols à punch ainsi que des verres à pied, lisses ou gravés et déclinés dans les tons cassés "vert antique", "bleu antique", "bleu mer" et blanc, figuraient parmi les produits proposés. Le premier catalogue de la firme de Wadgassen comportait déjà trois verres à pied ; ce verre à vin du Rhin par excellence devint plus tard une spécialité de l’usine. Après 1900, Wadgassen se distingua par sa production d'objets en verre doublé coloré et de décors minutieusement polis qui fut maintenue, bien que sous une forme simplifiée, jusque dans les années 1920. |
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Römer, années 1880, Musée de la céramique Mettlach http://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProIdf3784ef3b0 Photo : E. Mendgen |
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Pieds à verre du catalogue de produits de Wadgassen 1868, Firmenarchiv V&Bhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProId064dd54a8a Photo : E. Mendgen |
A l’instar de nombreuses autres verreries, les personnes qui assuraient le façonnage des produits verriers n’étaient que très rarement connues, comme le polisseur de verre Edmund Rigot, fils d'un verrier de Wadgassen et né en 1885 à Saint Louis (Münzthal). Verrier d’art dans la Cristallerie entre 1929 à 1934 dans la cristallerie, Rigot conçut sur le modèle de la marque de verre "d’Argenthal" (Saint Louis/Münzthal) des vases en verre doublé et gravé (ces produits furent commercialisés sous le nom « Vibo-Kunstglas »). Rigot avait appris l’art du polissage à Saint Louis chez Paul Nicolas, un collaborateur compétent d'Emile Gallé. Le langage formel, l’ornementation et la technique puisaient dans le style Art Nouveau développé en Lorraine par Émile Gallé plus d’une génération auparavant. |
La cristallerie connut des années difficiles entre 1914 et 1955. Florissante jusqu’à l'éclatement de la Première Guerre Mondiale, l’usine cessa une partie de ses activités en 1917 et servit d'entrepôt pour le matériel de guerre. L’entreprise reprit ses activités en 1918 et l’atelier de polissage se modernisa grâce à la contribution d’ouvriers venus de Saint Louis-lès-Bitche. 40 à 50 % de la production était destinée au marché français ; suite au rattachement de la Sarre à l’Allemagne en 1935, elle fut réorientée vers le marché allemand. Entre 1939 et 1944, le personnel de l’entreprise fut évacué avant de reprendre ses activités en 1945. En 1946, l’usine employait un effectif de 240 ouvriers, lequel passa à 305 l'année suivante. Suivit une phase d'extension et de modernisation de la manufacture et de ses équipements avec l'introduction du gaz transporté par gazoduc, l’agrandissement de l’atelier de polissage et l’installation d’une chaîne de montage. Le rattachement de la Sarre à la France contraignit l’usine à adapter une nouvelle fois sa production au marché français. |
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Vase de Paul Rigot, musée de la céramique de Mettlachhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProId0f8ddcaf75 Photo : E. Mendgen |
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Catalogue de 1948, Archives V&Bhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProIddd99c25504 Photo : E. Mendgen |
Pendant une période provisoire, l'entreprise s’adonna à la fabrication de produits de consommation courante, mais reprit bien vite sa production de "coupes à boire". Une étude menée en 1954 avait révélé que la vente à meilleur marché de cristal spécial n’engendrait qu’un bénéfice brut de 11,3 % contre 28,9 % pour le cristal au plomb (rapport sur l’instauration de nouvelles bases de calcul au sein de la cristallerie de Wadgassen). La production fut dorénavant exclusivement basée sur le cristal au plomb. Le passé de la cristallerie de Wadgassen témoigne de manière exemplaire des difficultés auxquelles l’industrie sarroise devait faire face :alors qu’à la veille de la Première Guerre Mondiale, 60 % de la production était destinée à l'Empire allemand (auquel était annexée l'Alsace-Lorraine depuis 1871) et 40 % au reste du monde (les catalogues de produits étaient dès 1900 disponibles dans diverses langues, notamment en anglais, en espagnol et en portugais), l’entreprise consacrait à l'issue de la Première Guerre Mondiale 40 à 50 % de sa production au marché français ; suite au rattachement du territoire de la Sarre à l’Allemagne en 1935, elle se réorienta vers le marché allemand. |
Le rattachement de la Sarre à la France après la Seconde Guerre Mondiale amena l’usine à adapter une nouvelle fois sa production au marché français ; avec la réintégration du territoire sarrois à l’Allemagne, l’entreprise accusa après 1959 un recul considérable de sa production mais parvint à se redresser quelques années plus tard : Au cours des années 1963/64, plus de 400 ouvriers étaient affectés à la fabrication de coupes en cristal de plomb et d’articles de marque confectionnés à la main qui jouissaient d’une renommée internationale. La manufacture prit alors le nom de "Cristallerie". La Cristallerie de Wadgassen employait encore 400 personnes en 1985. Le site n’abrite aujourd’hui plus qu’une verrerie de démonstration (2009). Juste à côté se trouve encore l'ancienne cristallerie que l’étude de la IndustrieKulturSaar désigne comme le dernier témoin architectural et technologique du travail du verre en Sarre et qui, par son charme unique, fait figure de référence. |
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Cristallerie de Wadgassen, assiette de V&B, Musée de la céramique Mettlachhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/gl103/sa117/wa113/wa119#sigProId41e1695263 Photo : E. Mendgen |
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Souffleurs de verre de la Cristallerie de Wadgassen, 1893 Source : Archives V&B |
Souffleurs de verre de la Cristallerie de Wadgassen, 1893 Source : Stadtarchiv Saarbrücken |
Verres en cristal, Wadgassen, années 1950 Source : Landesarchiv des Saarlandes |
Sources
Archiv Villeroy & Boch
Burg, J. und Treinen 1991: Die Einwohner der Gemeinde Wadgassen von 1650 - 1875, 3 Bde., Ludweiler
Glaser, H. und W. Kräuter 1989: Industriesiedlungen, Saarbrücken
Heimatkundlicher Verein Warndt e.V. (Hrsg.) 1999: Die Glashütten im Warndt, Völklingen-Ludweiler
Heimatkundlicher Verein Warndt e.V. (Hrsg.) 2006: Der/Le Warndt, Völklingen
Hiegel, H. 1957: Die Glashütten der deutschen Ballei von 1600 bis 1632, Saarbrücker Hefte 6, 1957, S. 35-49
Jentsch, C. Variation und Auflösung einer Form: Römer aus Wadgassen. In: Weltkunst, Nov. 1998, S. 2435 ff.
Mendgen, E. 2009: Der Warndt - SaarMoselle Avenir: Industrie-Kultur-Landschaft aus der Großregion, Versuch einer kritischen Würdigung. In: Luxemburger Wort, 8.05.2009 (Kulturbeilage „Die Warte“)
Neutzling, W. 1999a: Glashütten und Glasmacher im Warndt. In: Heimatkundlicher Verein Warndt e.V. (Hrsg.) 1999: Die Glashütten im Warndt, Völklingen-Ludweiler, S. 11-153
Neutzling, W. 1999b: Wadgassen. In: Die Glashütten im Warndt, Völklingen, S. 145-147
Neutzling, W. 1989: Die Glasmacherfamilie Raspiller, Saarbrücken
Saarbrücker Druckerei und Verlag (Hrsg.) 1981: Wadgassen vormals - Alte Fotos aus einer saarländischen Einheitsgemeinde, mit Fotos aus den Sammlungen von Hans Rigot, Wadgassen und Adolf Morschett, Differten, Saarbrücken
Saarbrücker Zeitung 1935: 800-Jahrfeier der Abtei Wadgassen (Archiv V & B, Merzig)
Schack von Wittenau, C. 1971: Glas zwischen Kunsthandwerk und Industriedesign, Diss. Köln
Scharwath, G. 1993: Bouteillen und Trinkgläser. In: Saarbrücker Zeitung 23./24.10.1993
Schmitt, A. 1989: Denkmäler Saarländischer Industriekultur, Saarbrücken
Schneider, E. 1999: Zur Geschichte der Cristallerie Wadgassen. In: Heimatkundlicher Verein Warndt e.V. (Hrsg.) 1999: Die Glashütten im Warndt, Völklingen-Ludweiler, S. 309-314