Saint Clément
KE031 Faïencerie de Saint Clément
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Faïencerie de Saint Clément1758 - en cours F-54950 Saint Clément Faïence, faïence fine |
Assiette octogonale en terre de pipe début du 19e siècle, Faïencerie de Saint Clément, coll. privée Photo : © Christian Thévenin |
Emile Decker
En 1757, Jacques Chambrette demande à Louis XV l’autorisation d’établir une faïencerie à Saint Clément, située en terre évêchoise, à 7 kilomètres de sa manufacture de Lunéville, pour pouvoir vendre sur le territoire français sans payer de droits de douane. Il obtient satisfaction en 1758 mais il meurt dans l’année et sa veuve et ses enfants lui succèdent à la tête de Lunéville et de Saint Clément, mais ils ne s’entendent pas, et en 1761, son gendre, Charles Loyal, obtient la manufacture de Saint Clément. A cette date, la fabrique possède neufs fours. Loyal s’associe à Mique jusqu’en 1772. Loyal et Mique fondent une première société sous l’appellation « Les propriétaires de la Manufacture de Saint-Clément » et intéressent à l’affaire, Claude Charles Rainssaint, François Haxo, Hurtevin de Montauban et Finals de Saint Albert. Par l’intermédiaire de Mique, la manufacture étend sa renommée à Paris et à la cour de Versailles, ainsi, en 1785, la reine Marie-Antoinette passe une commande de deux mille pots de fleurs pour les jardins de Trianon. |
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Assiette en faïence fine à décor imprimé milieu du 19e siècle, Faïencerie de Saint Clément, coll. privéehttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/ce959/lo1166/sc1110#sigProIda404609edb Photo : © Christian Thévenin |
Au début de la Révolution française, en 1792, Saint Clément occupe 121 ouvriers. Mais pour les propriétaires, les temps sont sombres. Micque est arrêté et exécuté en 1794. En 1798, les héritiers de Mique et les autres actionnaires, décident de créer une nouvelle société pour gérer leurs intérêts.
Mais les activités deviennent difficiles en raison des troubles politiques, de la guerre et de la concurrence de nouvelles manufactures qui apparaissent alors et qui produisent des terres de pipe et du cailloutage à la manière anglaise. Le prix du bois devient excessif, l’entreprise ne fait fonctionner que six de ses fours. Payé un temps par des assignats, beaucoup d’ouvriers quittent Saint Clément. En 1816, les propriétaires sont M. de Mique et M. Rousseaux, la société comprend onze associés. Elle présente ses productions aux expositions nationales et remporte des mentions encourageantes. En 1829, les actionnaires décident de renouveler la société qui les lie, ce qui est fait en 1835. |
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Marque de fabrique Saint Clément fin 19e siècle, coll. Aubryhttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/ce959/lo1166/sc1110#sigProId817e21669f Photo : © Christian Thévenin
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Les sociétaires sont au nombre de dix, issus de quatre familles. Thomas Germain possède près des deux tiers des actions et dirige l’établissement. En 1840, à la mort de Thomas Germain, ses trois fils lui succèdent. Ils font représenter leur faïencerie à l’Exposition Universelle de Paris en 1855. En 1863, Alexandre Thomas rachète les parts qui n’appartiennent pas à la famille. Dès lors, la société est dénommée Thomas et Cie. Charles Gallé, revendeur de faïence, de porcelaine et de cristaux à Nancy, s’adresse en 1865 à Saint Clément pour faire réaliser des modèles qu’il souhaite proposer à sa clientèle. Mais après des mésententes, la collaboration cesse en 1876. La manufacture produit des faïences stannifères dans le goût du 18e siècle avec des motifs peints de paysages ou de fleurs qui connaissent un certain succès à cette époque. |
A partir de 1880, les statistiques montrent la faiblesse des ventes. En 1888, la famille Thomas s’adresse à la faïencerie de Sarreguemines, en Lorraine allemande, pour liquider par contrat leurs marchandises, mais très vite, un litige oppose les deux contractants et un procès condamne Sarreguemines à payer 6 106,33 francs de dommages.
La famille décide de vendre l’entreprise ; comme Sarreguemines semble intéressée, Lunéville craignant sa concurrence, décide de se porter acquéreur et emporte le marché. Lucien Thomas demeure cependant directeur de la faïencerie. Après cette reprise, la faïencerie retrouve alors une marche normale. Une centaine de personnes y travaillent vers 1895. A présent, son sort est lié à celui de Lunéville. Durant la Première Guerre mondiale, la fabrique marche au ralenti. |
En 1919, à la reprise, elle emploie 60 ouvriers, son capital s’élève à 3 600 000 francs. En 1921, une rumeur se propage : la Manufacture de Sarreguemines souhaiterait racheter le groupe Keller et Guérin.
Les actionnaires s’insurgent et réunissent d’urgence les membres d’un conseil d’administration dans lequel s’expriment Edouard Fenal industriel à Badonviller, le baron d’Huart, industriel à Longwy, et le baron André de Ravinel de Lunéville. A l’issue de cette rencontre, les familles Keller et Guérin décident de vendre 51 % de leurs parts à Edouard Fenal afin qu’il devienne actionnaire majoritaire. En 1923, Fenal rachète le reliquat des actions. Durant la période Art déco la production de Saint Clément est particulièrement intéressante. |
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Paire de jardinières fin du 18e siècle, Faïencerie de Saint Clément, Musée des arts décoratifs Strasbourghttp://gr-atlas.uni.lu/index.php/fr/articles/wi55/ce959/lo1166/sc1110#sigProId727e2eb63b Photo : © Christian Thévenin |
Dans les années 1980, le groupe Lunéville-Saint-Clément, rachète le groupe Sarreguemines-Digoin-Vitry-le-François. En décembre 2006, Saint-Clément est repris par le groupe Faïence et Cristal de France connu aussi sous le nom « Terres d'Est ».
Saint-Clément est une des rares manufactures encore en activité en Lorraine au 21e siècle. |
Atlanta, High Museum-Nancy, 1990-1991, catalogue de l’exposition : Céramique lorraine-chefs d’œuvre des XVIIIe et XIXe siècles, 1990, 367 p.
Calame, Cathérine & Weber, Alain 2008 : Gestes et traditions 250 ans de faïence d’art à Saint Clément 1758-2008, Lunéville, 160 p.
Calame, Cathérine 2009 : La manufacture de faïence de Saint Clément. Sa place dans l’industrie céramique depuis 1758 », Le Pays Lorrain, 2009, mars, p. 25-34
Héry, A. 1999 : La faïencerie de Lunéville. 1786-1923. Les Keller et Guérin, Vesoul, 1999, 143 p.
Nancy, Musée Historique Lorrain, 1997 : catalogue de l’exposition Faïences de Lorraine 1720-1840, Nancy, 250 p.
Poncet Pierre 2002 : Saint Clément, Lunéville, une histoire de faïence, Lunéville, 106 p.
Nouveau Tardy (Le)/Sous la direction de Gilbert-Jean Malgras, 6 volumes, Paris, 1985-1990.
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