Verrerie Sainte-Anne
L’évêque de Metz, Louis de Montmorency-Laval, fonda en 1764 la Verrerie Sainte Anne à Baccarat, avec l’autorisation du Roi Louis XV., car « la France manque de verrerie d’art et c’est pour cela que les produits de Bohême y entrent en si grande quantité (...) au moment où le royaume en aurait si grand besoin pour se relever de la funeste Guerre de Sept Ans. »

A Baccarat, les conditions étaient idéales pour créer une verrerie : le combustible pour les fours à verre ainsi qu’une main-d’œuvre motivée étaient sur place. 

À partir de 1766, on produisait du verre à glace ou du verre à vitre, ainsi que des verres à boire, dans un « style bohème » très populaire à cette époque. 

L’entreprise prospérait jusqu’à la Révolution française en 1789. La manufacture arrivait à survivre avec beaucoup de difficultés jusqu’à 1816.

Manufacture de cristal
En 1816, l’industriel et chimiste Aimé-Gabriel d’Artigues devint nouveau propriétaire de la verrerie, appelée dès lors « Établissement de Vonêche à Baccarat ». D’Artigues dirigeait jusqu’à 1795 la manufacture verrière de son père dans la ville lorraine de Saint-Louis, où l’on mit en activité le premier four à cristal en France en 1781.

D’Artigues acheta en 1802 la verrerie  Vonêche près de Namur, pour y fabriquer du cristal. En 1815, à la suite des guerres napoléoniennes, Vonêche devint néerlandais.

D’Artigues était dès lors conforté à deux problèmes : la France prélevait une taxe à l’importation sur les produits étrangers, rendant ainsi quasiment impossible l’importation d’objets en cristal. 

En outre, le Blocus continental de Napoléon contre le Royaume-Uni fut levé et le marché européen fut fourni en produits anglais.  

Avec l’obligation d’ennoblir sa marchandise en France, et d’y fabriquer du cristal, d’Artigues obtint l’autorisation d’importer en franchise sa marchandise pendant deux ans.

Il construit en 1816 à Baccarat le premier four à cristal, signe du début de l’essor de l’entreprise. Baccarat jouissait rapidement d’une renommée internationale. A la fin du 19^e siècle, un tiers des 2 000 ouvriers verriers travaillaient exclusivement pour la Cour du tsar russe.


Usines exemplaires
accarat devint au 19^e siècle, au même titre que Saint-Louis, Vallérysthal ou Portieux, l’une des usines exemplaires avec environ 2 000 salariés.

Baccarat séduit toujours par sa beauté inchangée du site avec la verrerie, les maisons des ouvriers et leurs jardins potagers et la villa de maître avec parc et chapelle.

Lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889, la société avait plutôt préféré mettre en avant le système social de l’entreprise que ses produits parfaits d’un point de vue technique et esthétique.

A juste titre, car les ouvriers spécialisés se tournaient vers les entreprises concurrentes qui leur offraient les meilleures conditions de travail, p.ex. également vers la Sarre.

Dans la Sarre, le savoir-faire des centres verriers lorrains conduisait à la construction d’usines de verre creux blanc modernes à Fenne, près de Völklingen, et à Wadgassen, près de Saarlouis.